Sharing is Caring #37
4 years ago
General
Bonjour tout le monde.
Après la frénésie d’Halloween, le temps est maintenant au recueillement. Novembre, mois des morts et du souvenir. Je ne vous cacherai pas que je n’ai jamais été particulièrement croyant. Certes, je m’intéresse énormément à tout ce qui est mythologie et spiritualité, mais la messe et le catéchisme, très peu pour moi. Cependant, la Toussaint est une fête qui tient beaucoup à coeur à ma grand-mère maternelle, avec laquelle j’ai toujours été très proche. Alors évidemment, c’est une période de l’année à laquelle je reste assez sensible. Pas au point de passer ma journée à nettoyer des tombes, je vous l’accorde, mais comme tout un chacun, je pense qu’il est essentiel de prendre le temps de commémorer les êtres chers que nous avons perdus. Après tout, que ce soit la Toussaint française ou le Dia de los Muertos méxicain, c’est bien connu que l’hommage aux morts est une tradition qui transcende les cultures et les époques. Alors n’oubliez pas d’adresser une petite pensée à vos disparus de temps en temps, qu’on soit en novembre ou pas d’ailleurs. Vous connaissez la chanson, les morts continuent de vivre dans le coeur de ceux qui en perpétuent le souvenir. Pendant que j’y pense, je vous recommande - si ce n’est pas déjà fait - de jeter un oeil à la chaîne youtube Ask a Mortician. C’est la directrice d’une entreprise de pompes funèbres californienne qui fait de petites vidéos dans lesquelles elle discute de divers sujets ayant trait à la mort, comme par exemple les différentes pratiques funéraires qui existent ou encore de sordides histoires de meurtres. Et laissez-moi vous dire que l’humour de cette femme est absolument extraordinaire. Je serais même tenté de dire qu'elle est à mourir de rire. :p Haha, désolé ; je n’ai pas pu m’en empêcher. Blague à part, la façon dont elle aborde son sujet, à la fois drôle et pédagogique, est tout à fait savoureuse, alors ne vous faites pas prier et rendez-lui une petite visite. :3 Il n’y a bien qu’elle et Terry Pratchett pour rendre la mort aussi sympathique... Mais regardez-moi plutôt ça : les présentations du jour n’ont même pas encore officiellement débuté que je suis déjà en train de vous faire l’article. Si ça c’est pas de l’efficacité. Mais assez perdu de temps. Vous devez commencer à vous impatienter, avec toutes ces platitudes sur la mort et le deuil. Passons plutôt aux réjouissances. Allez, régalez-vous. ^_^
- My Ex-boyfriend the Space Tyrant ! (Luke Miller)
https://www.youtube.com/watch?v=5qJQOYYlLRg&list=PLvXkdtVh1D4fuFd3bJ-SdEb4epOHllg-K&index=2
Et pour commencer, voici un petit point ‘n’ click que je n’hésiterais pas à qualifier de chef-d’oeuvre absolu de l’art vidéoludique. Alliant de façon magistrale la poésie et la finesse d’écriture d’un Final Fantasy à une mise en scène féerique dont la somptuosité ferait frémir Ori and the Blind Forest et ses semblables de jalousie, My Ex-boyfriend the Space Tyrant est sur tous les plans une véritable pépite. J’oserais dire que nous avons atteint ici le summum de ce que le jeu vidéo a à offrir en tant que medium, la quintessence de la création. Tout ce qui est venu et viendra après ne sera jamais qu’une imitation grotesque de sa pure et inégalable perfection*... Oui, bon, désolé si j’en fais un peu trop. Vous l’aurez compris, My Ex-boyfriend the Space Tyrant, c’est tout le contraire. Ce jeu est extrêmement - et j’insiste sur le "extrêmement" - kitsch. Vraiment, on est plus proche de la gauloiserie grandiloquente de Seth MacFarlane que de l’éloquence élégante de Shakespeare. De ce que j’ai cru comprendre, l’auteur et son équipe s’étaient lancés le défi de créer le jeu le plus gay qui ait jamais été conçu. Et quand je dis gay, je veux dire furieusement gay. De ce côté-là, on ne peut pas nier que c’est une réussite. Comme vous allez tout de suite le constater, le jeu a encore moins de subtilité qu’un char de la Gay Pride. C’en serait presque insultant... si cette homosexualité outrancière n’était pas aussi hilarante. Vous voici donc dans la peau et dans le slip moule-bite du capitaine Tycho, un ancien membre de la marine spatiale dont le courage et l’ingéniosité sont inversement proportionnels à la longueur de son caleçon. Mais quand il apprend que son ex-petit ami, le prince Andromedus, est maintenant à la tête d’une flotte intersidérale lancée à la conquête de la galaxie, le jeune baroudeur n’a pas d’autre choix que de reprendre du service. Car il est le seul qui puisse encore espérer mettre un terme aux ambitions destructrices de l’empereur et de son impitoyable armada. Pourtant, la question demeure : qu’est-ce qui a bien pu pousser un garçon au tempérament aussi doux qu’Andromedus à vouloir asservir la galaxie ? Il y a manifestement anguille sous roche, et c’est à Tycho et à son impeccable plastique qu’il appartient de découvrir le fin mot de l’histoire. Mais alors que notre héros s’apprête à confronter l’empereur et ses légions extraterrestres, se pourrait-il que la flamme qui brûlait autrefois entre son ex-petit copain et lui ne soit pas encore tout à fait éteinte ? Pour le savoir, embarquez avec le fougueux Tycho dans cette extravagante aventure. Affrontez à ses côtés les hommes de main aussi redoutables que court-vêtus d’Andromedus, aidez-le à résoudre les énigmes et à déjouer les pièges retors qui se dresseront sur son chemin, et surtout, regardez-le flirter sans vergogne avec de séduisants autochtones. Avouez que l’on a rarement vu une intrigue aussi riche et émouvante. :3 Non mais sérieusement, ne nous voilons pas la face : que ce soit au niveau de l’écriture ou des graphismes, le jeu est - de but en blanc - tout simplement médiocre, pour ne pas dire mauvais. Mais comme je vous le disais plus haut, My Ex-boyfriend the Space Tyrant n’est évidemment pas un récit qu’il faut prendre au premier degré. En tout cas, j’espère. Pour rester dans le thème, je vous aurais bien dit de le prendre plutôt au soixante-neuvième degré, mais ce serait quand même aller un peu loin, alors j’imagine que le second ou le troisième suffiront. Bien sûr, ça ne sera pas forcément la tasse de thé de tout le monde, mais il faut bien reconnaître qu’il y a quelque chose de profondément jubilatoire dans cet étalage totalement désinhibé d’homosexualité. D’autant que le synopsis en lui-même n’est pas entièrement bon à jeter. Au contraire, je lui trouve même beaucoup de potentiel. La forme finale d’Andromedus, par exemple, a été une délicieuse surprise. Et la relation qui unit Tycho et l’empereur est particulièrement attachante. J’adore ce concept, le héros et le grand méchant qui sortaient ensemble avant de se retrouver de part et d’autre de la balance du bien et du mal et qui n’essaient même pas de cacher qu’ils ont encore un énorme béguin l’un pour l’autre. Voilà un scénario qui ne manque pas de piquant, surtout quand l’un des deux partis est un gros monstre extraterrestre. Certes, ce n’est pas exactement comme ça que la relation entre Tycho et Andromedus est présentée dans le jeu, mais ça reste une idée que j’aimerais beaucoup voir explorée plus souvent. Imaginez un peu la scène, le vaisseau du héros vient de se faire prendre en chasse par celui du grand méchant quand le commandant en second de ce dernier lui annonce, avec un sadisme non dissimulé : "Nous avons le vaisseau ennemi en ligne de mire, Votre Altesse. Un seul tir bien placé, et c'en sera fini une bonne fois pour toutes de ce trouble-fête.", et là le grand méchant qui le saisit par le cou d'une seule main et lui répond avec la rage à peine contenue de mille soleils : "Touchez à un seul de ses cheveux, général, et c'est votre tête qui se baladera au bout d'une pique. Je vous ai dit de le capturer vivant, et je ne tolérerai. Aucun. MANQUEMENT !" Comme si l’attirance et l’affection qu’ils éprouvent l’un pour l’autre étaient pour eux les choses les plus évidentes au monde, et ce même en dépit de la situation compliquée dans laquelle se trouve leur couple... Mais je m’égare. Bref, si vous aimez les point ‘n’ click homoérotiques kitsch et délirants, My Ex-boyfriend the Space Tyrant est fait pour vous. Et puis ce n’est pas comme si vous aviez grand-chose à perdre à y jeter un coup d’œil, de toute façon. :p (J'ai par ailleurs récemment appris que le jeu avait reçu une suite, Escape from Pleasure Planet, dans laquelle Tycho se lance à la poursuite d’un nouveau criminel, Brutus Maximillius, un anarchiste effronté aussi sexy que dangereux dont la sournoiserie et le joli minois ne manqueront pas de donner du fil à retordre à notre intrépide héros. Je suis actuellement en train d’en visionner un let’s play, et ne l’ayant pas encore terminé à l’heure où j’écris ces lignes, je préfère ne pas me prononcer quant au résultat final, mais il est clair que le jeu est autrement plus ambitieux que son prédécesseur...)
* Maintenant que j’y pense, j’aurais aussi pu vous présenter Space Funeral. Avec son univers sanglant et génialement hideux, le jeu n’aurait pas volé sa place dans le numéro d’Halloween. En même temps, c’est difficile de parler de Space Funeral sans évoquer le twist final, alors ce n’est peut-être pas plus mal si je me contente de piquer votre curiosité comme ça, en passant. Je n’en dirai pas plus, mais sachez que le jeu est une remarquable réflexion sur l’essence de la créativité et la recherche de la perfection, alors ne manquez pas d’y jeter un oeil. ;)
- Onyx Equinox (Crunchyroll)
https://www.youtube.com/watch?v=bGZ9KzWanW8
Quetzalcoatl et Tezcatlipoca, dieux et frères ennemis. L’un souhaite sauver l’humanité, l’autre voudrait la voir périr dans un apocalyptique bain de sang. Pour se départager, les deux divinités ont fait un pari. Quetzalcoatl devra choisir un champion, le plus misérable et le plus faible des humains, et si ce dernier parvient envers et contre tout à surmonter l’épreuve des cinq portes du monde des morts, alors preuve aura été faite que l’humanité dans son ensemble mérite d’exister. Tels sont les termes du contrat. Et l’heureux élu qui aura l’insigne honneur de risquer sa vie pour prouver la valeur de l’humanité n’est autre qu’Izel, un jeune esclave chétif que la mort de sa soeur - la seule personne au monde à laquelle il tenait - a rendu cynique et amer. Ramené à la vie après une tentative de suicide, le voilà embarqué bien malgré lui dans leur querelle divine, et très franchement, ça ne l’aurait pas dérangé plus que ça de déclarer forfait et laisser Tezcatlipoca exterminer l’espèce humaine si ce n’était pour la possibilité d’exiger des dieux qu’on lui rende sa soeur en échange de sa participation à leur sordide petit jeu. Accompagné de Yaotl, un fidèle serviteur de Tezcatlipoca ayant la forme d’un énorme jaguar que le dieu de la nuit a dépêché auprès du jeune homme pour veiller à ce que Quetzalcoatl n’essaie pas de tricher, le gringalet va donc devoir endosser le rôle du héros et trouver un moyen pour fermer les cinq portes de l’au-delà avant le prochain équinoxe. C’est une double course contre la montre qui s’engage alors. Car s’il appartient à Izel d’épargner à l’humanité le courroux de Tezcatlipoca, Mictlantecuhtli, le maître du royaume des morts, est lui aussi en train de mettre un sombre projet à exécution, et il n’a pas vraiment l’intention de laisser la mission de l’adolescent entraver ses desseins. Les dieux ont soif, et comme toujours, c’est au sang des hommes qu’il revient de l’étancher. Heureusement, Izel se trouvera vite des compagnons de voyage avec lesquels partager son fardeau. Mais trouvera-t-il en lui-même la force d’aller de l’avant quand le monde s’écroule autour de lui ? Parviendra-t-il à rouvrir son coeur à ses semblables et à retrouver foi en l’humanité ? Il ne tient qu’à vous de le découvrir... C’est moi ou plus le temps passe, et plus je ressemble à un spot publicitaire ? Enfin bref. Vous l’aurez deviné, voilà une série animée qui devrait plaire à tous les passionnés de mythologie. Ne vous y trompez pas, d’ailleurs. En dépit de son style graphique qui n’est pas sans rappeler Avatar - Le Dernier Maître de l’Air, la série fait résolument honneur à la réputation sanglante que traîne la culture mésoaméricaine. Autant dire qu’elle n’est pas à mettre entre toutes les mains. Mais que cela ne vous décourage pas de lui donner une chance. Entre sa mise en scène spectaculaire, sa lecture à la fois respectueuse et humaniste de la mythologie aztèque, et sa galerie de personnages tous plus attachants et/ou séduisants les uns que les autres, Onyx Equinox ne devrait pas vous laisser indifférents. La série a d’ailleurs souvent été saluée pour l’excellent travail de recherche que les réalisateurs ont effectué sur les cultures précolombiennes de l’Amérique centrale. Bien sûr, rien ne vous oblige à me croire sur parole. Regardez-en un épisode ou deux et faites-vous plutôt votre propre opinion. :3
- La Tristesse du Diable (Meimuna)
https://www.youtube.com/watch?v=Osl9F6LbHNk
Vous me direz, j’aurais au moins pu vous donner le lien du clip officiel de la chanson. Mais je trouvais que le tableau que le fan qui a réalisé cette vidéo a choisi comme fond - l’Ange déchu, d’Alexandre Cabanel ; vous avez sans doute déjà dû en entendre parler, c’est l’une des plus célèbres représentations de Lucifer qui ait jamais étéparodiée peinte - seyait beaucoup trop à ce morceau pour ne pas le mentionner. À ce stade, inutile que je vous fasse un dessin, j’imagine (Cabanel s’en est déjà chargé XD ) : la chanson explore la figure du Diable dans ce qu’il a de potentiellement sympathique. Lucifer n’y est plus décrit comme un rebelle arrogant, précipité du haut des cieux pour avoir essayé d’usurper son créateur, mais comme un partisan du genre humain qui a tenté d’élever l’humanité au-delà de ce qui avait été prévu par Dieu en faisant don aux hommes de la sagesse divine, leur apprenant par exemple ce que sont l’Amour et la Beauté. Mais hélas, ses ambitions n’ont pas eu l’effet escompté. Rejeté par les hommes qui ont déformé son message, et banni du royaume céleste auquel il a désobéi, celui que l’on nomme à présent Satan ne peut plus que pleurer sur son sort... Je vous l’accorde, ce n’est pas exactement révolutionnaire comme réinterprétation de l’ange déchu, à la fois prince des ténèbres et porteur de lumière, mais il n'en demeure pas moins que la chanson est tout simplement sublime. Portées par une mélodie éthérée et envoûtante dont la délicatesse lumineuse souligne superbement la nature angélique du protagoniste, les paroles et la douce voix de la chanteuse dessinent le portrait d’un Lucifer contemplatif et mélancolique qui semble vous faire vibrer l’âme elle-même. Vraiment, c’est de la grâce à l’état pur...
Voilà, voilà. Comme d’habitude, j’espère que ce numéro vous aura plu. Sur ce, je n’ai pour le coup rien de spécial à ajouter, alors ne me laissez pas vous retenir plus longtemps. N’hésitez pas à me dire en commentaire ce que vous avez pensé de ce bulletin et des oeuvres que je vous ai présentées cette fois-ci, et à bientôt pour une nouvelle édition. Je ne sais pas encore si je ferai quoi que ce soit de particulier pour Noël cette année (c’est que ça devient difficile de trouver des oeuvres qui collent avec le thème XD ), mais je compte tout de même sur vous pour ne pas manquer le prochain numéro. Allez, sali-salut. ^_^
Après la frénésie d’Halloween, le temps est maintenant au recueillement. Novembre, mois des morts et du souvenir. Je ne vous cacherai pas que je n’ai jamais été particulièrement croyant. Certes, je m’intéresse énormément à tout ce qui est mythologie et spiritualité, mais la messe et le catéchisme, très peu pour moi. Cependant, la Toussaint est une fête qui tient beaucoup à coeur à ma grand-mère maternelle, avec laquelle j’ai toujours été très proche. Alors évidemment, c’est une période de l’année à laquelle je reste assez sensible. Pas au point de passer ma journée à nettoyer des tombes, je vous l’accorde, mais comme tout un chacun, je pense qu’il est essentiel de prendre le temps de commémorer les êtres chers que nous avons perdus. Après tout, que ce soit la Toussaint française ou le Dia de los Muertos méxicain, c’est bien connu que l’hommage aux morts est une tradition qui transcende les cultures et les époques. Alors n’oubliez pas d’adresser une petite pensée à vos disparus de temps en temps, qu’on soit en novembre ou pas d’ailleurs. Vous connaissez la chanson, les morts continuent de vivre dans le coeur de ceux qui en perpétuent le souvenir. Pendant que j’y pense, je vous recommande - si ce n’est pas déjà fait - de jeter un oeil à la chaîne youtube Ask a Mortician. C’est la directrice d’une entreprise de pompes funèbres californienne qui fait de petites vidéos dans lesquelles elle discute de divers sujets ayant trait à la mort, comme par exemple les différentes pratiques funéraires qui existent ou encore de sordides histoires de meurtres. Et laissez-moi vous dire que l’humour de cette femme est absolument extraordinaire. Je serais même tenté de dire qu'elle est à mourir de rire. :p Haha, désolé ; je n’ai pas pu m’en empêcher. Blague à part, la façon dont elle aborde son sujet, à la fois drôle et pédagogique, est tout à fait savoureuse, alors ne vous faites pas prier et rendez-lui une petite visite. :3 Il n’y a bien qu’elle et Terry Pratchett pour rendre la mort aussi sympathique... Mais regardez-moi plutôt ça : les présentations du jour n’ont même pas encore officiellement débuté que je suis déjà en train de vous faire l’article. Si ça c’est pas de l’efficacité. Mais assez perdu de temps. Vous devez commencer à vous impatienter, avec toutes ces platitudes sur la mort et le deuil. Passons plutôt aux réjouissances. Allez, régalez-vous. ^_^
- My Ex-boyfriend the Space Tyrant ! (Luke Miller)
https://www.youtube.com/watch?v=5qJQOYYlLRg&list=PLvXkdtVh1D4fuFd3bJ-SdEb4epOHllg-K&index=2
Et pour commencer, voici un petit point ‘n’ click que je n’hésiterais pas à qualifier de chef-d’oeuvre absolu de l’art vidéoludique. Alliant de façon magistrale la poésie et la finesse d’écriture d’un Final Fantasy à une mise en scène féerique dont la somptuosité ferait frémir Ori and the Blind Forest et ses semblables de jalousie, My Ex-boyfriend the Space Tyrant est sur tous les plans une véritable pépite. J’oserais dire que nous avons atteint ici le summum de ce que le jeu vidéo a à offrir en tant que medium, la quintessence de la création. Tout ce qui est venu et viendra après ne sera jamais qu’une imitation grotesque de sa pure et inégalable perfection*... Oui, bon, désolé si j’en fais un peu trop. Vous l’aurez compris, My Ex-boyfriend the Space Tyrant, c’est tout le contraire. Ce jeu est extrêmement - et j’insiste sur le "extrêmement" - kitsch. Vraiment, on est plus proche de la gauloiserie grandiloquente de Seth MacFarlane que de l’éloquence élégante de Shakespeare. De ce que j’ai cru comprendre, l’auteur et son équipe s’étaient lancés le défi de créer le jeu le plus gay qui ait jamais été conçu. Et quand je dis gay, je veux dire furieusement gay. De ce côté-là, on ne peut pas nier que c’est une réussite. Comme vous allez tout de suite le constater, le jeu a encore moins de subtilité qu’un char de la Gay Pride. C’en serait presque insultant... si cette homosexualité outrancière n’était pas aussi hilarante. Vous voici donc dans la peau et dans le slip moule-bite du capitaine Tycho, un ancien membre de la marine spatiale dont le courage et l’ingéniosité sont inversement proportionnels à la longueur de son caleçon. Mais quand il apprend que son ex-petit ami, le prince Andromedus, est maintenant à la tête d’une flotte intersidérale lancée à la conquête de la galaxie, le jeune baroudeur n’a pas d’autre choix que de reprendre du service. Car il est le seul qui puisse encore espérer mettre un terme aux ambitions destructrices de l’empereur et de son impitoyable armada. Pourtant, la question demeure : qu’est-ce qui a bien pu pousser un garçon au tempérament aussi doux qu’Andromedus à vouloir asservir la galaxie ? Il y a manifestement anguille sous roche, et c’est à Tycho et à son impeccable plastique qu’il appartient de découvrir le fin mot de l’histoire. Mais alors que notre héros s’apprête à confronter l’empereur et ses légions extraterrestres, se pourrait-il que la flamme qui brûlait autrefois entre son ex-petit copain et lui ne soit pas encore tout à fait éteinte ? Pour le savoir, embarquez avec le fougueux Tycho dans cette extravagante aventure. Affrontez à ses côtés les hommes de main aussi redoutables que court-vêtus d’Andromedus, aidez-le à résoudre les énigmes et à déjouer les pièges retors qui se dresseront sur son chemin, et surtout, regardez-le flirter sans vergogne avec de séduisants autochtones. Avouez que l’on a rarement vu une intrigue aussi riche et émouvante. :3 Non mais sérieusement, ne nous voilons pas la face : que ce soit au niveau de l’écriture ou des graphismes, le jeu est - de but en blanc - tout simplement médiocre, pour ne pas dire mauvais. Mais comme je vous le disais plus haut, My Ex-boyfriend the Space Tyrant n’est évidemment pas un récit qu’il faut prendre au premier degré. En tout cas, j’espère. Pour rester dans le thème, je vous aurais bien dit de le prendre plutôt au soixante-neuvième degré, mais ce serait quand même aller un peu loin, alors j’imagine que le second ou le troisième suffiront. Bien sûr, ça ne sera pas forcément la tasse de thé de tout le monde, mais il faut bien reconnaître qu’il y a quelque chose de profondément jubilatoire dans cet étalage totalement désinhibé d’homosexualité. D’autant que le synopsis en lui-même n’est pas entièrement bon à jeter. Au contraire, je lui trouve même beaucoup de potentiel. La forme finale d’Andromedus, par exemple, a été une délicieuse surprise. Et la relation qui unit Tycho et l’empereur est particulièrement attachante. J’adore ce concept, le héros et le grand méchant qui sortaient ensemble avant de se retrouver de part et d’autre de la balance du bien et du mal et qui n’essaient même pas de cacher qu’ils ont encore un énorme béguin l’un pour l’autre. Voilà un scénario qui ne manque pas de piquant, surtout quand l’un des deux partis est un gros monstre extraterrestre. Certes, ce n’est pas exactement comme ça que la relation entre Tycho et Andromedus est présentée dans le jeu, mais ça reste une idée que j’aimerais beaucoup voir explorée plus souvent. Imaginez un peu la scène, le vaisseau du héros vient de se faire prendre en chasse par celui du grand méchant quand le commandant en second de ce dernier lui annonce, avec un sadisme non dissimulé : "Nous avons le vaisseau ennemi en ligne de mire, Votre Altesse. Un seul tir bien placé, et c'en sera fini une bonne fois pour toutes de ce trouble-fête.", et là le grand méchant qui le saisit par le cou d'une seule main et lui répond avec la rage à peine contenue de mille soleils : "Touchez à un seul de ses cheveux, général, et c'est votre tête qui se baladera au bout d'une pique. Je vous ai dit de le capturer vivant, et je ne tolérerai. Aucun. MANQUEMENT !" Comme si l’attirance et l’affection qu’ils éprouvent l’un pour l’autre étaient pour eux les choses les plus évidentes au monde, et ce même en dépit de la situation compliquée dans laquelle se trouve leur couple... Mais je m’égare. Bref, si vous aimez les point ‘n’ click homoérotiques kitsch et délirants, My Ex-boyfriend the Space Tyrant est fait pour vous. Et puis ce n’est pas comme si vous aviez grand-chose à perdre à y jeter un coup d’œil, de toute façon. :p (J'ai par ailleurs récemment appris que le jeu avait reçu une suite, Escape from Pleasure Planet, dans laquelle Tycho se lance à la poursuite d’un nouveau criminel, Brutus Maximillius, un anarchiste effronté aussi sexy que dangereux dont la sournoiserie et le joli minois ne manqueront pas de donner du fil à retordre à notre intrépide héros. Je suis actuellement en train d’en visionner un let’s play, et ne l’ayant pas encore terminé à l’heure où j’écris ces lignes, je préfère ne pas me prononcer quant au résultat final, mais il est clair que le jeu est autrement plus ambitieux que son prédécesseur...)
* Maintenant que j’y pense, j’aurais aussi pu vous présenter Space Funeral. Avec son univers sanglant et génialement hideux, le jeu n’aurait pas volé sa place dans le numéro d’Halloween. En même temps, c’est difficile de parler de Space Funeral sans évoquer le twist final, alors ce n’est peut-être pas plus mal si je me contente de piquer votre curiosité comme ça, en passant. Je n’en dirai pas plus, mais sachez que le jeu est une remarquable réflexion sur l’essence de la créativité et la recherche de la perfection, alors ne manquez pas d’y jeter un oeil. ;)
- Onyx Equinox (Crunchyroll)
https://www.youtube.com/watch?v=bGZ9KzWanW8
Quetzalcoatl et Tezcatlipoca, dieux et frères ennemis. L’un souhaite sauver l’humanité, l’autre voudrait la voir périr dans un apocalyptique bain de sang. Pour se départager, les deux divinités ont fait un pari. Quetzalcoatl devra choisir un champion, le plus misérable et le plus faible des humains, et si ce dernier parvient envers et contre tout à surmonter l’épreuve des cinq portes du monde des morts, alors preuve aura été faite que l’humanité dans son ensemble mérite d’exister. Tels sont les termes du contrat. Et l’heureux élu qui aura l’insigne honneur de risquer sa vie pour prouver la valeur de l’humanité n’est autre qu’Izel, un jeune esclave chétif que la mort de sa soeur - la seule personne au monde à laquelle il tenait - a rendu cynique et amer. Ramené à la vie après une tentative de suicide, le voilà embarqué bien malgré lui dans leur querelle divine, et très franchement, ça ne l’aurait pas dérangé plus que ça de déclarer forfait et laisser Tezcatlipoca exterminer l’espèce humaine si ce n’était pour la possibilité d’exiger des dieux qu’on lui rende sa soeur en échange de sa participation à leur sordide petit jeu. Accompagné de Yaotl, un fidèle serviteur de Tezcatlipoca ayant la forme d’un énorme jaguar que le dieu de la nuit a dépêché auprès du jeune homme pour veiller à ce que Quetzalcoatl n’essaie pas de tricher, le gringalet va donc devoir endosser le rôle du héros et trouver un moyen pour fermer les cinq portes de l’au-delà avant le prochain équinoxe. C’est une double course contre la montre qui s’engage alors. Car s’il appartient à Izel d’épargner à l’humanité le courroux de Tezcatlipoca, Mictlantecuhtli, le maître du royaume des morts, est lui aussi en train de mettre un sombre projet à exécution, et il n’a pas vraiment l’intention de laisser la mission de l’adolescent entraver ses desseins. Les dieux ont soif, et comme toujours, c’est au sang des hommes qu’il revient de l’étancher. Heureusement, Izel se trouvera vite des compagnons de voyage avec lesquels partager son fardeau. Mais trouvera-t-il en lui-même la force d’aller de l’avant quand le monde s’écroule autour de lui ? Parviendra-t-il à rouvrir son coeur à ses semblables et à retrouver foi en l’humanité ? Il ne tient qu’à vous de le découvrir... C’est moi ou plus le temps passe, et plus je ressemble à un spot publicitaire ? Enfin bref. Vous l’aurez deviné, voilà une série animée qui devrait plaire à tous les passionnés de mythologie. Ne vous y trompez pas, d’ailleurs. En dépit de son style graphique qui n’est pas sans rappeler Avatar - Le Dernier Maître de l’Air, la série fait résolument honneur à la réputation sanglante que traîne la culture mésoaméricaine. Autant dire qu’elle n’est pas à mettre entre toutes les mains. Mais que cela ne vous décourage pas de lui donner une chance. Entre sa mise en scène spectaculaire, sa lecture à la fois respectueuse et humaniste de la mythologie aztèque, et sa galerie de personnages tous plus attachants et/ou séduisants les uns que les autres, Onyx Equinox ne devrait pas vous laisser indifférents. La série a d’ailleurs souvent été saluée pour l’excellent travail de recherche que les réalisateurs ont effectué sur les cultures précolombiennes de l’Amérique centrale. Bien sûr, rien ne vous oblige à me croire sur parole. Regardez-en un épisode ou deux et faites-vous plutôt votre propre opinion. :3
- La Tristesse du Diable (Meimuna)
https://www.youtube.com/watch?v=Osl9F6LbHNk
Vous me direz, j’aurais au moins pu vous donner le lien du clip officiel de la chanson. Mais je trouvais que le tableau que le fan qui a réalisé cette vidéo a choisi comme fond - l’Ange déchu, d’Alexandre Cabanel ; vous avez sans doute déjà dû en entendre parler, c’est l’une des plus célèbres représentations de Lucifer qui ait jamais été
Voilà, voilà. Comme d’habitude, j’espère que ce numéro vous aura plu. Sur ce, je n’ai pour le coup rien de spécial à ajouter, alors ne me laissez pas vous retenir plus longtemps. N’hésitez pas à me dire en commentaire ce que vous avez pensé de ce bulletin et des oeuvres que je vous ai présentées cette fois-ci, et à bientôt pour une nouvelle édition. Je ne sais pas encore si je ferai quoi que ce soit de particulier pour Noël cette année (c’est que ça devient difficile de trouver des oeuvres qui collent avec le thème XD ), mais je compte tout de même sur vous pour ne pas manquer le prochain numéro. Allez, sali-salut. ^_^
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